La révolution du 14 janvier a fait son effet sur le tourisme saharien avec les conséquences inéluctables qu’elle a entraînées : chute vertigineuse des chiffres mais aussi des recettes financières à tous les niveaux . Tous les intervenants et acteurs opérant dans la sphère touristique ont été touchées de prés ou de loin avec des indicateurs sur une pente raide.
Pour le tourisme saharien qui s’est trouvé au creux de la vague avec des effets dévastateurs, la traversée du désert a pris beaucoup de temps, même si des éclaircies sont apparues ces derniers temps, mais le bout du tunnel est encore loin.
Ce ne sera pas une sinécure pour que le secteur retrouve son lustre de l’avant révolution.
À travers un détour à Tozeur, une ville qui ne respire que par ses visiteurs et dans laquelle le tourisme saharien est la tête de file sur l’échiquier économique, l’on se rend à l’évidence : les composantes et les différents acteurs sont sensiblement affectés.
En effet, on rappelle que 12 établissements touristiques ont dû mettre les clés sous le paillasson depuis la révolution. Et ce n’est pas le seul constat, les agences de location ont pâti de la désaffection des touristes et les propriétaires des calèches ont souffert de la baisse de leur activité, et certains ont été contraints de se séparer de leurs « bêtes ».
Les propriétaires des quads (bolides à quatre roues pour des randonnées dans le désert) ne sont pas épargnés et font partis des « sinistrés », comme en témoigne un propriétaire d’une agence de location des quads : « cette période des vaches maigres n’a que trop duré. Mon parc se compose de 10 quads, et il n’en reste que 5, idem pour les voitures de circuit. J’en avais 25 et je me suis séparé de 19 pour cause de charges et baisse d’activité sur fond de recettes dérisoires. Je suis contraint de m’acquitter des charges de maintenance et la paies des chauffeurs. On est 6 à exercer ce métier, le spectre de la faillite guette la plupart des agences. Le secteur risque de disparaitre si la crise perdure. Certes, nous retrouvons une lueur de vivacité lors des vacances scolaires grâce à l’affluence des tunisiens qui permettent une bouffée d’oxygène, pour dire que nous devons notre salut au tourisme intérieur. La défaillance des touristes étrangers nous a énormément lésée ».
Un diagnostic qui fait froid dans le dos et un constat morose. Un cri d’alarme est lancé par les professionnels du secteur.
Loin de faire fortune, notre interlocuteur nous explique le fonctionnement du secteur et les difficultés sur lesquelles il bute « avec 20 dinars pour une randonnée d’une heure, on ne rentre pas dans nos frais. Le prix d’achat d’un quad est en moyenne de 15 000 dinars, mais avec la chute vertigineuse du dinar tunisien, ce même prix a grimpé à 20 000 dinars, à payer de surcroît en euros. La cadence de location des quads est de 2 à 3 circuits par jour lors des vacances scolaires. Excepté ces périodes, il nous arrive de passer en moyenne 3 semaines sans aucune rentrée d’argent ».
Ces professionnels d’un secteur qui fait la singularité de ce créneau du tourisme, ne sont pas au bout de leurs peines après qu’un règlement de circulation a été adopté au niveau communal les interdisant d’exercer l’activité en dehors du Sahara et de l’oasis.
C’est le vécu amer de cette frange de professionnels du tourisme saharien, et qui ne différent pas des autres micro-commerces dans la ville aux deux printemps.
Demain est un autre jour, et l’espoir est de mise pour voir le secteur retrouver son lustre d’antan grâce à l’action tout azimuts entreprise par le ministère de tutelle pour booster cette variante singulière de notre tourisme et qui nous a valu par le passé de nombreuses distinctions à l’échelle mondiale .